Lisette Lombé s’accroche au slam et le fait un outil de militance

Lisette Lombé est une slameuse qui captive l’âme à travers ses rimes. Elle aurait voulu être au départ enseignante. En quête d’une barrière protectrice, elle fait un burn-out pour devenir poétesse et, surtout, slameuse. Elle s’approprie ce style musical pour en faire un outil citoyen. Artiste aux multiples talents, Lisette n’est pas aveugle face à son époque. À la vie comme à la scène, la Poétesse milite pour la liberté de la parole, la sororité, l’égalité des droits et la solidarité.

Artiste pluridisciplinaire de nationalité Belgo-congolaise, Lisette Lombé utilise toutes les forces de son slam contre le racisme. Née en 1978, elle a fait ses débuts dans l’écriture littéraire à l’aube de sa quarantaine. Dès lors, la machine de sa production plurielle s’enclenche. Créative, la slameuse emploie son talent pour questionner les identités, éveiller les consciences et transformer l’être dans un monde de réflexion personnelle. Sa complexité et sa façon sans égale à rendre le slam palpable font d’elle une immense artiste.

De nos jours, le slam occupe une place enviable dans les forums d’expressions. Cette poésie orale, inventée par Marc Kelly Smith, semble être un bon fil conducteur pour de nombreuses paroles militantes. Lorsqu’on note la quantité et l’étendue des productions dans ce genre musical, on ne peut épauler l’idée que fait Lisette de cette poésie urbaine « Le slam est idéal pour celles qui veulent faire entendre leur voix et leur révolte ».

Son art et sa manière de retranscrire les émotions placent la slameuse dans cette catégorie d’artiste, porteuse d’espoir et de combat existentiel. À travers la poésie de Lisette, qui, pour elle, est un besoin vital, elle extériorise sa vision des choses et provoque des messages à la fois poétiques et réalistes. L’artiste fait de ses écrits des atouts de taille.

Les œuvres de Lisette sont nourries de ses lectures, de ses voyages, de sa vie de mère de famille et de son combat pour l’égalité des droits. Écrivaine et poétesse, elle compte déjà quatre (4) livres à son actif. Elle a publié la magie du burn-out en 2017, Black words (2018), Tenir 2019 et Venus poetica (2020). La poétesse a aussi coordonné un recueil collectif sous le titre “On ne s’excuse de rien”. Cet ouvrage regroupe les textes de 53 poétesses autour du projet L-SLAM qu’elle a elle même impulsé en 2015. Cet organisme associatif regroupe des poétesses, multiculturelle et intergénérationnelle. “Il (organisme) organise des ateliers et des podiums de slam, selon le principe du marrainage”, explique Lisette.

Si on reproche les féministes d’être des compétitrices, mais pas des alliées, Lisette prouve le contraire. La sororité est pourtant au coeur de son combat animé d’humanité. Puisqu’il n’existe pas d’humanisme sans féminisme, ce collectif d’artistes confirmées additionnent leur voix et accompagnent d’autres femmes dans l’écriture. Elles soutiennent, entre autres, ces dernières pour leur première montée sur scène. Ces ateliers ont aussi pour objectifs de faire entendre la voix des femmes et de les aider à mettre en mots leurs émotions et leur combat acharné quotidien.

Dotée d’un fort potentiel dans le slam, Lisette avait été récompensée par la ville de Liège en 2017, un titre de citoyenne d’honneur qui lui a été octroyé pour sa démarche d’activiste et d’embassadrice du slam aux quatre coins de la Francophonie. La même année, elle a remporté la 3e place au grand “poetry slam national français”.

Ces distinctions proviennent de ce milieu à forte prédominance masculine lui ont apporté du baume au cœur. Mais elle ne les laisse pas monter à la tête. Lisette Lombé continue de mettre son art au service de la société. L’artiste garde le souffle de la militance féministe et antiraciste dans ses propos. Elle chérit cet art, qui, pour elle, est une façon de métamorphoser sa tristesse et sa colère en poésie. C’est aussi un moyen de résister à l’adversité, de partager un peu d’espoir, de dénoncer les injustices dans un langage simple, de déconstruire les stéréotypes, de toucher les gens et de laisser une trace pour ses enfants.

Lisette Lombé continue son travail avec témérité et une grande liberté jusqu’à succiter les autres qui veulent emprunter cette même voie.

Elle a sorti son dernier recueil, “Brûler brûler brûler” en octobre 2020 , à Paris, chez les éditions Iconoclaste. L’engagement de l’artiste contre le racisme et toutes autres formes d’inégalités ne s’essouffle pas. Elle est aujourd’hui une habituée des scènes, et n’a pas jusqu’ici failli à sa tâche. Slamer pour militer, au quotidien, voilà son crédo. Elle se bat pour l’égalité hommes-femmes et continue de faire de son féminisme une façon de vivre.