Lire Dialogue infinis de Franck S. Vanéus
Franck S. Vanéus est avocat et membre du barreau de Port-au-Prince. Il détient un master II en Philosophie. Dialogues infinis est son troisième ouvrage.
Dessalines
Auréolé de sa gloire immortelle
Sabrant les cruels
Abandonnant leurs carabines
Grise mine!
À mort la servitude et le servage
Fini !
Tromperies sans trompettes!
La littérature a aussi une fonction de mémoire collective. Haut lieu de stockage et de partage des prouesses ainsi que les plus insignifiants détails de notre quotidienneté. Les écrivains ont donc, cette complexe tâche d’être à la fois fin observateur de leur époque tout en étudiant minutieusement le passé. Dès lors, ce qui diffère l’historien du poète ou du romamcier par exemple, c’est surtout la forme du contenu rendu au public. Littérature et histoire, amies inséparables.
Cette dernière assertion est bel et bien ce qu’a démontré Franck S. VANÉUS avec son dernier livre : Dialogues infinis. Ce poème fleuve est un long dialogue entre Caonabo et l’une des plus belles femmes que l’humanité ait enfantée : Anacaona. L’auteur n’hésite pas à faire des slaloms dignes des plus grands joueurs de foot en vue de mettre une dose de facuité dans le texte et, de là, le rend plus actuel.
Quand les incompétents
Les ignares
Pataugeant
Dans leur mare
Accèdent au pouvoir
Le tambour de l’ignorance
Résonne sans arrêt
Concert d’arrogance
De vulgaires déhanchements
Pour hommes et femmes au rabais
Ce dialogue est un témoignage d’un amour entre deux êtres d’une sensibilité extrême. Ils vivent leur amour de façon expressive.
Le temps se fige et toute la création se plie
Pour rendre un hommage bien pâle
À ta beauté inouïe.
Chacun de tes pas est un hymme à l’élégance
Pure expression de la nature dans sa magnificence
C’est là, un extrait du discours du très costaud Kaonabo.
Et Anacaona de répondre:
Quand tu as porté sur moi
Ton regard pour la première fois,
Un frisson me parcourut le corps
Et j’ai su moi, la Fleur d’Or,
Que je serai tienne à la vie à la mort
Et que ta barque accostera toujours à mon port
Ce recueil n’est pas seulement un éloge de l’amour entre deux êtres qui s’aiment. C’est aussi un ramassis de complaintes contre les envahisseurs.
Que ces karanklou
Tuant comme nos enfants jouent
Trébuchant les pieds dans des sacs
Riant à gorges déployées
Se souciant peu des dégâts
De leurs exploits,
De nos existences ravagées
Par avidité
Et la haine de l’autre
Quel autre?
Reléguant toute humanité
Au second plan d’un avenir bâti
Sur l’appât du gain
Croyant que la bonhommie
Est une faiblesse, un sentiment vain
Ce livre est disponible chez Plume Agence Littéraire
Jules Pierre Michel
